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22/12/2011

Et revoici le débat sur les « lois mémorielles »

Pourquoi l'UMP ressort-elle le drame arménien de 1915-1916 ?


On ne voit pas ce qu'il y a de choquant dans le fait de pérenniser la mémoire d'un drame immense. Au siècle du marketing de masse, même l'immensité n'est pas une garantie de survie dans la mémoire : tout ce qui lutte contre l'éphémère est donc positif, et les lois mémorielles font partie de cet arsenal. Voilà mon avis. Nombre d'historiens ne le partagent pas, parce qu'ils n'aiment pas voir le législateur s'introduire dans leur espace professionnel. Nombre de partisans ne le partagent pas non plus, pour de tout autres raisons que les historiens : raisons idéologiques, chez ceux (dans les années 1980) qui niaient – au mépris des faits – le génocide des juifs par le IIIe Reich ; ou raisons nationalistes, par exemple chez les Turcs qui nient – également au mépris des faits – le génocide des Arméniens par le gouvernement ottoman en 1915-1916. Dans tous les cas, le négationnisme est infiniment plus malsain que l'idée de voter une loi mémorielle. Cette dernière idée n'est d'ailleurs qu'une réponse au négationnisme, sans lequel elle n'aurait jamais vu le jour.

Cela dit, pourquoi l'UMP ressort-elle l'idée d'une loi sur le drame arménien ? Cette idée a-t-elle plus d'actualité en 2011 qu'en 20011 ? Oui, mais ce n'est pas une actualité reluisante. Tout se passe comme si la droite voulait subitement empêcher les quelques 500 000 électeurs français d'origine arménienne de voter autre chose que Sarkozy. En sont-ils réellement tentés ? Peut-être : nombre d'entre eux avaient voté Sarkozy en 2007 parce que le candidat de la droite avait fait campagne contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Or, en 2011, le même Sarkozy se rapproche du gouvernement turc : il en a besoin pour appuyer sa politique anti-Assad, par laquelle il rêve (comme dans l'affaire Kadhafi) de faire le travail d'Obama à la place d'Obama. Le gouvernement turc aidera peut-être Sarkozy sur ce coup-là, mais contre rémunération. C'est-à-dire en obligeant Sarkozy à ne plus faire obstacle à la politique européenne d'Ankara. Le gouvernement turc a désormais des ambitions néo-ottomanes au Proche-Orient, mais il tient à sa carte « UE » et veut la jouer, malgré la décrépitude de l'Euroland... On voit ainsi venir un retournement de veste élyséen, qui chagrine les Français d'origine arménienne.

D'où l'agitation subite de nos députés à propos de 1915-1916.

Si cette loi est votée à Paris, Ankara aurait à sa disposition une réponse cinglante : le parlement turc pourrait voter une loi mémorielle qualifiant de génocide le massacre de populations du Maine-et-Loire, de Loire-inférieure, de Vendée et des Deux-Sèvres par les forces de la Convention en 1794. Mais l'humour noir (ou l'humour tout court) n'est pas la qualité première des classes politiques, qu'elles soient turque ou française.

  

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1.  Assemblée nationale, Archives de la XIe législature, « Génocide arménien », 30/01/2001.

 

j4kis018.jpgGénéral_Turreau_Louis_Marie_(1756-1816).jpg

Talaat pacha  (Arméniens, 1915)  et le général Turreau  (Vendéens, 1794).

 

Commentaires

LE HITLER TURC

> Allez sur le site du ministère turc du Tourisme AUJOURD'HUI : vous y trouvez une apologie de Talaat Pacha, le "Hitler turc", grand ordonnateur du génocide arménien !

http://www.kultur.gov.tr/FR/belge/4-1304/resim1.html
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Écrit par : avedik / | 22/12/2011

GADLU

> Le "Hitler turc" était franc-maçon, cf Wiki :
"Talaat était le premier Vénérable Maître (ou président) de la Grande Loge de Turquie. Il entra en franc-maçonnerie en 1903, à Thessalonique, dans la loge du Macedonia Risorta, avec les membres de son parti. Un an plus tard, il passera à la loge Veritas et y occupera le poste de second surveillant. En 1909, il atteint le 33e degré et prend la tête du Rite écossais ancien et accepté. Il prend à ce moment-là place parmi les fondateurs de la Loge de la Patrie à Constantinople; ses fonctions dans cette Loge l'obligeront à laisser son titre de grand vizir en 1910. Durant son mandat de grand vizir, il répondit ainsi aux injures dirigées contre lui : « …On m'accuse d'être maçon. Oui, je suis maçon. J'ai accepté la franc-maçonnerie pour le bonheur de l'humanité, tout comme j'ai embrassé le bektachisme en tant que voie de choix nationaliste… » "
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Écrit par : bernard gui / | 22/12/2011

PAS DE GENOCIDE EN VENDEE ?

> Malheureusement pour Ankara, le génocide vendéen n'a probablement jamais existé. L'historien Jean-Clément Martin, qui connaît bien le sujet, a déconstruit la thèse contre-révolutionnaire d'un soi-disant massacre planifié.
Par contre, cela fait des années déjà que les jeux sont faits : la Turquie entrera dans l'Europe. Sinon, comment justifier que la Grèce y soit? La Grèce aura été le cheval de Troie de la Turquie. Il n'est plus rationnellement tenable de leur fermer la porte. L'Europe n'est plus la lointaine héritière de l'Empire Romain d'Occident; elle reprend désormais à son compte le rêve brisé de Justinien : la restauration de l'Empire dans son unité, Orient et Occident confondus.
C'est un rêve grandiose qui ne m'enchante pas. Mais enfin! soyons logiques jusqu'au bout. Et envisageons aussi à plus ou moins longue échéance l'entrée dans l'UE de l'Egypte, de la Tunisie, d'Israël, et, pourquoi pas? de la Palestine...
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 22/12/2011

LES RETICENCES DES HISTORIENS

> Merci de nous donner ces éclaircissements sur les arrière-pensées du législateur.
Mais je trouve que vous traitez un peu trop à la légère les réticences des historiens. Sans nier la réalité de massacres, on peut discuter de la qualification de "génocide". Le terme a été inventé pour qualifier le crime commis par les nazis à l'encontre des juifs pendant la seconde Guerre Mondiale, mais ce n'est pas forcément une cote bien taillée pour caractériser tous les massacres de masse commis par le passé. L'histoire ne traite pas seulement avec des faits bruts. Elle emploie des mots pour les décrire, elle construit des concepts pour les appréhender : difficile de faire ce travail sereinement quand des associations vindicatives sont capables, par exemple, de traîner devant les tribunaux des historiens aussi réputés que Olivier Pétré-Grenouilleau suite à ses excellents travaux sur les traites négrières.
Il y a donc un véritable risque que, sur le long terme, les lois mémorielles ne découragent la recherche. On voit mal de jeunes historiens choisir des sujets de recherche susceptible de les obliger à se justifier un jour devant un tribunal face à une meute de militants droits-de-l'hommistes. Là aussi, à long terme, nos lois mémorielles menacent la science historique, comme l'a bien montré l'affaire Pétré-Grenouilleau, version contemporaine du procès de Socrate.
J'en viens à un exemple plus polémique, puisque vous évoquez le "génocide vendéen". On sait que Reynald Secher a lancé la polémique il y a un quart de siècles. D'autres historiens refusent de parler de génocide, tels Clément Martin. Non qu'ils nient l'existence des massacres, mais parce qu'ils jugent que, dans l'affaire vendéenne, les fins recherchées par les oppresseurs, les mécanismes de prise de décision et les procédures employées ne sont pas similaires à celle, par exemple, du génocide juif de la Seconde Guerre mondiale. Serait-ce une bonne chose pour la recherche historique que le législateur coupe court au débat en donnant raison à l'un plutôt qu'à l'autre ? J'ai de gros doutes à ce sujet.
Je précise pour ma part que, sans avoir vraiment étudié la question, je qualifierais très volontiers de génocide les persécutions subies par les Arméniens pendant la Première Guerre Mondiale ainsi que les représailles infligées aux Vendéens par la Convention. Mais je crois que les historiens ont plus besoin de liberté que de lois mémorielles pour exercer convenablement leur fonction.
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Écrit par : Physdémon / | 22/12/2011

DETRICOTAGE

> Cette idée de loi mémorielle lancée par la gauche est en train de prendre son indépendance idéologique et frappe partout: ici c'est la Turquie, qu'on nous présente pourtant comme le modèle de laïcité et de démocratie pour tout le monde arabo-musulman; en représailles, il paraît que le Parlement turc veut voter une loi comparable à propos des guerres de Vendée et du "mémoricide" qui a suivi dans la République française. Tel est pris qui croyait prendre ! Qui sait si le procès de Nuremberg du communisme, que l'on attend toujours, ne va finir lui aussi par être ouvert enfin... La pensée dominante française va encore souffrir et il va lui falloir détricoter ses mensonges et ses dénis psychologiques!
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Écrit par : B.H. / | 22/12/2011

CE QUI EMPÊCHE LE DEBAT

> Les lois mémorielles sont, me semble-t-il, une fausse réponse à un vrai problème. Le vrai problème est le négationnisme, rarement scientifique, le plus souvent idéologique. Mais on ne combat pas le négationnisme par des lois, au contraire, on fait des négationnistes des victimes. En revanche, les lois mémorielles empêchent souvent le débat puisqu'elles rendent passibles de sanctions pénales les opinions négationnistes et donc empêchent la confrontation des théories négationnistes et des connaissances scientifiques réelles.
L'autre aspect qui fait que c'est pour moi une mauvaise réponse, est que, maintenant, il semble y avoir une course au label "génocide" qui est devenu dans l'opinion publique - et chez les lobbyistes - un terme quasiment synonyme de "massacre horrible méritant 10 sur une échelle d'intensité allant de 1 à 10" alors que cela n'a jamais signifié ça. Il est impossible face à certains milieux de défendre l'hypothèse qu'on ne peut pas qualifier les massacres de Vendée de génocide sans s'entendre répondre que, bien sûr, on est du côté de ceux pour qui rien d'horrible ne s'est passé en Vendée.
La question de savoir ce qui est génocide et ce qui ne l'est pas pose la question de savoir si on peut employer les mêmes termes et les mêmes outils pour étudier des époques aux structures et aux mentalités radicalement différentes, et si certaines notions sont compatibles avec la guerre telle qu'on la pratiquait à l'époque. En d'autres termes, la notion de génocide n'est-elle pas une notion formée par des contemporains pour juger des contemporains (au sens courant et historique)? Ce n'est pas une affirmation mais une question que se pose certains historiens. Est-ce que ce n'est pas finalement faire injure à la complexité des situations historiques que de tout vouloir lire à travers une seule et même grille de lecture?
Je comprends tout à fait que certaines opinions soient tellement nauséabondes et à ce point porteuses de troubles à l'ordre public que le législateur soit tenté de s'emparer du problème, mais le rôle de l'historien n'est pas de juger mais d'étudier une époque. Or en criminalisant certaines approches de cette époque ou en lui imposant ce qu'il doit penser de telle époque, on l'empêche de faire son travail correctement.
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Écrit par : Mahaut / | 22/12/2011

PAS D'ACCORD

> Vous n'en avez pas assez de vous jeter des génocides à la figure? Cela existe depuis la préhistoire (on a trouvé des sites de massacres de tribus entières). Cela fait cour de récré, allez de ce1.
Plus sérieusement, je ne suis pas d'accord pour défendre ces lois mémorielles. Outre qu'elles risque de paralyser la recherche, elles sont totalement politiques, on le voit actuellement. Alors, politique intérieure, politique étrangère, je m'en fous. Je déteste les régimes qui instrumentalisent l'Histoire. Ce sont des criminels contre la vérité et la raison.
Cher Blaise, juste un truc, je ne comprend vraiment pas comment vous pouvez mettre la Grèce sur le même pied que la Turquie quant à leur "vocation" européenne. Je parle de la Turquie, pas de ce qui fut il y deux mille ans l'Asie mineure et qui n'a plus rien à voir avec la Turquie depuis quelques siècles. Mais bon, comparer l'UE à l'empire romain d'orient du VIe s, fallait oser. ;-)
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Écrit par : VF / | 22/12/2011

à VF

> La Grèce, ne l'oublions pas, est une ancienne province de l'Empire ottoman. Aussi bien dans l'Antiquité tardive qu'au Moyen Age byzantin et durant la période ottomane, la Grèce appartenait à un autre monde que la chrétienté latine (ou l'Europe au sens traditionnel du terme). Déjà au temps de saint Paul le partage était net, qui épousait la division linguistique latin/grec.
Quant à la Turquie, sa création est encore plus récente que l'Etat grec. Auparavant, nous avons la Sublime Porte, héritière directe de l'Empire romain. Le sultan revendiquait d'ailleurs ses deux titres : celui d'Empereur romain et celui de calife.
Grecs et Turcs n'arrêtent pas de se chamailler. Mais n'exagérons pas le fossé qui les sépare. Leur histoire est intimement liée. Ils sont les uns et les autres issus de la longue histoire de l'Empire romain, byzantin et ottoman.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 22/12/2011

> Evidemment, mon rapprochement de l'Union européenne et de l'empire de Justinien était ironique.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 22/12/2011

CONTREPRODUCTIVE

> Je ne m'étais jamais posé de questions sur l'existence des crimes du national-socialisme (je n'aime pas dire 'nazi' : il faut appeler les criminels par leur vrai nom riche en signification), mais j'avoue avoir été troublé par la loi Gayssot et pendant quelques temps me suis dit que si on légiférait là dessus, c'est que les choses n'étaient pas si claires. La législation mémorielle est totalement contre-productive: elle discrédite le vrai travail historique et de plus, elle donne aux thèses interdites le goût du fruit défendu. Point de vue de descendant de paysans gaulois rouspéteur! Une thèse historique ou scientifique fausse se réfute, elle ne s'interdit pas pénalement.
Sur la question des relations entre la Turquie et l'Europe: peu importe que la Turquie soit admise dans l'UE, l'important est que nous en sortions avant d'être ensevelis sous les décombres.
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Écrit par : Pierre Huet / | 22/12/2011

à Blaise:

> on ne va pas refaire ici un cours de seconde année de fac d'Histoire, mais la "chrétienté" est une notion du 19e romantique et de nostalgique de l'ancien régime. Qu'y avait-il de commun entre un monastère irlandais, une paroisse des Pyrénées ou un ermite de Lombardie? Et je ne vous parle pas des "barbares" "convertis" au Ve s. Avant d'être une "province" de l'empire ottoman, le Grèce fut la matrice de la culture que l'on appelle latine. César a parlé grec avant de parler latin (lisez Paul Veyne, il est passionnant) . La fracture de 395 va marquer car elle signe d'une part la fin de l'empire et ensuite ouvre la porte à une profonde métamorphose de la culture antique à l'ouest avec l'arrivée des peuples germaniques et avec elle, la fin de la notion d'Etat et de citoyen au sens antique des termes. A l'est, la civilisation va continuer sur sa lancée et les changements seront lié au fil de l'Histoire et pas à cette rupture du Ve s comme en occident. Mais je maintien, ce n'est pas la Grèce qui est loin de nous latins, c'est nous qui ne sommes plus latins (cf Le Goff et sa vision négative de l'apport des populations germaniques au christianisme médiéval).
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Écrit par : VF / | 23/12/2011

@ Blaise Join-Lambert.

> La "déconstruction" est aujourd'hui à la mode, depuis les thèses historiques jusqu'aux cargos échoués sur nos plages. À propos du massacre des Vendéens, je vous recommande la lecture du livre d'Alain Gérard, «Par principe d'humanité...», avec avant-propos de Pierre Chaunu et préface d'Alain Besançon, Paris, Fayard, 1999.
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Écrit par : M.R. / | 23/12/2011

LA COUPURE EST - OUEST

> Je n’ai pas contesté l’hellénisme précoce de Rome, qui se manifestait également dans les arts et jusque dans leur récit de fondation (voir la Tombe François à Vulci). Il n’en reste pas moins que la coupure linguistique est/ouest, même à l’époque de César, était déjà nette et qu’elle n’a cessé de se renforcer par la suite. Nous avons conservé la version latine du concile de Nicée II, preuve que le Grec n’était pas compris de tout le monde. Quant à l’emprise de l’Empire romain d’Orient sur l’Occident, elle n’a cessé de s’affaiblir : les empereurs ont été incapables de mettre un terme à la dissidence des Papes, à leur position iconodule puis à leur ralliement aux Carolingiens. L’épisode carolingien et ses suites ont tout de même lourdement pesé sur l’organisation politique de l’ancienne partie occidentale de l’Empire romain.


La « Grande Grèce » s’est effectivement étendue sur tout le pourtours de la Méditerranée et a suscité par contrecoup une civilisation originale : les cités étrusques (et Rome). Mais elle a fini par être submergée par les cultures latines et arabes. Dans l’Empire romain d’Orient, au contraire, la culture grecque s’est longtemps maintenue. Et même après que les Turcs aient pris le contrôle de l’Empire, les Grecs n’ont pas perdu toutes leurs positions.

Ce qui est contestable, c’est l’idée selon laquelle nous « ne sommes plus latins ». Il vaudrait mieux dire que la culture latine a connu de profondes mutations : entre autres, comme vous l’écrivez, « la fin de la notion d'Etat et de citoyen au sens antique des termes ». Mais par quoi d’autre la civilisation latine aurait-elle pu être remplacée ? Les Barbares, complètement assimilés, ont été incapables de nous transmettre quoi que ce soit de leur culture d’origine. Eux-mêmes ne savaient plus très bien d’où ils venaient.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 23/12/2011

@ VF

> Quoi de commun entre un monastère irlandais, une paroisse des Pyrénées ou un ermite de Lombardie ? Réponse: les moines et religieux, qui circulaient énormément: c'est ainsi que les abbayes de Luxeuil, St Gall en Suisse ou Baume-les-Messieurs plus tard fondatrice de Cluny, furent fondées par des moines irlandais.
Une conséquence anecdotique: c'est ainsi qu'on sait par St Jérôme, grand linguiste , que les Galates étaient des Celtes: après un séjour en (grande) Bretagne, il découvrit qu'ils parlaient... le breton d'alors .
La coupure s'est faite bien après, en particulier sur le plan esthétique. Les vieilles églises coptes évoquent nos premières églises romanes.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/12/2011

COLLOQUE

> Colloque (jeudi 26 mai 2011): « Influences celtiques et germaniques dans l'Europe médiévale »
http://www.singer-polignac.org/fr/missions/lettres-droit-et-arts/colloques?task=evenement&uid=743&type=1
Les vidéos sont disponibles à cette adresse.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 23/12/2011

cher Blaise,

> la culture latine est morte au Ve/VIe s (et elle était entrée en agonie dès le IIIe s). l'ère médiévale n'était pas latine du culture. Il n'en restait quasiment que la langue (et encore bien abâtardie) qui servait de langue commune a ceux qui, effectivement se déplaçaient beaucoup (moines, guerriers, étudiants, et même paysans ou artisans spécialisés). La culture latine que l'on imagine être pérenne à cette époque, en fait, ne revient qu'au XIV (les légistes de Philippe le Bel ou les premiers humanistes italiens). Si le Moyen Age est profondément chrétien, il n'est en aucun cas latin au sens "civilisationnel "du terme. Il ne reste qu'un souvenir fantasmé de l'Empire et de Rome. Par quoi les "Barbares" l'ont-elle remplacée? mais par la violence et la féodalité, c'est-à-dire le lien d'homme à homme instituant une hiérarchie basée sur l'inégalité et la violence. C'est cela que l'Eglise tentera de christianiser avec plus ou moins de réussite.
Ceci dit, cher Blaise, un beau colloque ou je me serais régalé. Si j'arrive à prendre le temps, je visionnerais les vidéos avec délectation.
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Écrit par : VF / | 23/12/2011

à VF

> La culture latine n'est pas morte au V°-VI° siècle: elle s'est perpétuée dans les monastères et les écoles cathédrales, puis dans les universités. Le Moyen-Age a été traversé par une série de "renaissances" dont la Renaissance carolingienne n'est pas la moins notable.
Cicéron et Sénèque, ainsi que les Institutiones de Justinien ont été copiés et étudiés tout au long du Moyen-Age. Leur langue était familière aux lettrés puisque c'était la langue de l'Eglise et que les lettrés étaient, précisément, les membres du clergé.
Sans doute, on ne parlait pas le même latin au XIII°siècle qu'au I°. Mais Thomas d'Aquin lisait Cicéron, un de ses auteurs favoris, plus aisément que nous ne lisons Rabelais ou Montaigne.
En revanche, la culture grecque a été perdue en Occident entre la fin du IX°siècle et le milieu du XII°siècle, époque où l'on redécouvre Aristote.
Voir à ce sujet, par exemple, "Lumières du Moyen-Age" ou "Pour en finir avec le Moyen-Age" de Régine Pernoud.
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Écrit par : Physdémon / | 23/12/2011

à VF

> Je crains que nous ne nous battions pour des mots. Je préfère parler de mutations de la culture, tandis que vous mettez l'accent sur la mort du monde romain antique. A mon avis, ces deux points de vue sont tout-à-fait complémentaires. Tout au long du Moyen Age nous trouvons de nombreuses survivances de la culture antique, et pourtant un basculement civilisationnel s'est opéré, difficile à dater. La féodalité elle-même est issue des lambeaux décomposés de l'ancienne organisation politique et sociale; elle n'a pas surgi ex nihilo.
Les interventions de ce colloque sont passionnantes. Avec le plaisir supplémentaire de réentendre la voix d'un de mes anciens professeurs : Jean-Pierre Caillet.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 23/12/2011

PAS TOUT LE MONDE

> D'un petit calcul à l'autre, on surfe avec l'UMP d'un thème à l'autre au grèéde ses intérêts pour aguicher le citoyen (oublié) traité en électeur (client), or tout le monde ne procède pas de cette manière, vous pourriez le dire de temps en temps.
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Écrit par : GBA92 / | 26/12/2011

POUR CLARIFIER

> Rapidement, pour clarifier ma pensée:
A Blaise, je préfère parler d'héritage que de mutation. Je sais que la vision 'permanence/mutation" était à la mode dans le milieu historique des années 80/90, mais je n'ai jamais été vraiment convaincu de cette angle d'étude.
A Physdemon, je ne dis pas que la culture latine à disparue ou ne s'est jamais transmise, je dis qu'elle est morte. Il en reste des bribes, plus ou moins figés ou "muséïfiés", voire fantasmés que l'on s'est transmis. Certes, cet héritage joue un rôle important et laisse sa marque à différentes périodes, mais la culture latine n'est plus vivante, elle ne produit plus rien, ne crée plus rien à partir de IV/Ve s. Vous parlez de Renaissance carolingienne, ce qui est faux. Cela fait encore parti de ce fantasme lié à ce rêve de voir un jour l'âge d'or (ou supposé tel) de l'empire romain revenir. Cette expression est une création postérieure d'Historiens des temps modernes fascinés par l'Antiquité. Il vaut mieux parler de civilisation carolingienne, ou de civilisation médiévale classique (c'est d'ailleurs comme cela que je l'ai appris en fac). Le coeur du problème est de voir l'Histoire comme une longue succession plus ou moins linéaire vers notre temps. C'est une profonde erreur datant des Historiens du 19e (IIIe république notamment). Au passage, j'aurais du utiliser le mot civilisation au lieu de culture, c'est vrai.
Ceci dit, on va s'arrêter là, je pense.
P.S: rassurez-vous, je connais Pernoud et aussi P.Petit, M.Rouche, P.Veyne et beaucoup d'autres...
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Écrit par : VF / | 26/12/2011

à VF

> Je ne me représente pas vraiment l’histoire « comme une longue succession plus ou moins linéaire vers notre temps » mais plutôt à la manière d’une succession de couches historiques : Autrement dit, les « mutations » dont je parle n’impliquent pas du tout une quelconque fidélité à travers les siècles vis-à-vis d’une identité originaire. Il n’y a rien de « linéaire » là-dedans.
Le terme de « mutations » me paraît davantage convenir que celui d’ « héritage », car il évite d’assigner artificiellement une date exclusive et absolue au changement de culture qui s’est opéré. Il faudrait au contraire multiplier les « moments », dépérissements, nouveautés, ruptures nettes sur le temps long.
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Écrit par : Blaise Join-Lambert / | 26/12/2011

@ Blaise Join-Lambert

> L'image des couches successives est plaisante: d'un côté, on ne peut pas les négliger, mais d'un autre, si on les extrait de leur emplacement (en mythifiant les périodes passées), cela risque de provoquer des écroulements en surface.
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/12/2011

MAUVAISE IMAGE

> Eh bien! C'est du propre au niveau des relations diplomatiques,cette loi mémorielle!S'agit-il d'un jeu politique pour détourner l'attention de sujets cent fois plus importants et mieux noyer le poisson?
La reconnaissance de 2001 n'a pas suffi !
Les historiens n'aiment pas que l'on marche sur leurs plates bandes,les Turcs agacés hurlent:"balayez devant votre porte après vous pourrait chantez votre messe"et les investisseurs français commencent à s'inquiéter de ce "foin"pour leurs affaires...
Mauvaise image de la France pleine période de Noël!
"Ah ça ira,ça ira,ça ira..." mieux demain, faut-il espérer!
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Écrit par : Stéphan / | 26/12/2011

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